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Libération
Critique

«Rachida» surchargée

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Film algérien à thèse.
publié le 8 janvier 2003 à 21h42

Quand elle travaille, la femme algérienne est malheureuse ­ «je lui avais dit de laisser tomber», dit le fiancé de Rachida, institutrice, lorsque deux anciens élèves lui tirent dessus parce qu'elle refuse de poser une bombe dans son école. Quand elle ne travaille pas, la femme algérienne est malheureuse ­ «allons-nous vivre aux crochets de quelqu'un toute notre vie ?», dit la mère de Rachida pendant la convalescence de sa fille après l'attentat. Quand elle divorce, la femme algérienne est malheureuse ­ «une divorcée reste une divorcée», dit la mère de Rachida, divorcée. Quand elle échappe aux terroristes qui l'avaient enlevée, la femme algérienne est malheureuse ­ «je ne veux plus d'elle. Elle nous a humiliés devant les voisins», dit le père de la kidnappée au village, où Rachida et sa mère ont trouvé refuge. De la femme algérienne et de ses malheurs, Yamina Bachir-Chouikh, une femme algérienne, a fait un film malheureux. C'est ce qu'on appelle un film à thèse.

Rachida, jeune, belle et moderne, est la figure centrale et symbolique de l'histoire qui porte son nom. C'est là son drame. Comme pour rattraper le temps perdu, puisque ce film est un des premiers sur l'Algérie de la «sale guerre», le scénario lui a mis sur les épaules absolument tout ce qui fait l'Algérie : les massacres ou les hammams, la situation sociale ou la plage, les youyous ou les faux barrages, l'Etat ou les terroristes. Restent, quand la rhétorique s'apaise un peu, quelques formidables moments dans la rue et