Hambourg envoyée spéciale
Ils ont une trentaine d'années et vivent à Hambourg ou Berlin. Leurs parents, arrivés de Turquie dans les années 60, rêvaient qu'ils deviennent médecins ou mécaniciens. Pour qu'ils puissent trouver du travail en rentrant au pays. Mais Fatih Akin, Mehmet Kurtulus, Buket Alakus, Idil Üner, Birol Ünel ont choisi le cinéma. Un cinéma imprégné de leurs origines, qui refuse pourtant avec véhémence d'être assimilé à un cinéma de l'immigration et minoritaire. Ils ne veulent pas se cantonner à raconter la vie des Turcs en Allemagne car ils se considèrent comme les «nouveaux Allemands», ceux qui incarnent la nouvelle vague du cinéma allemand.
Leurs films commencent à tourner dans les festivals. Et quelques réalisateurs allemands leur proposent des rôles qui sortent des clichés habituels de petits margoulins, de vendeurs de döner kebab ou de femmes au foulard. Rarissime encore... Car la plupart des acteurs d'origine étrangère vivent dans l'ostracisme et doivent se battre pour obtenir des rôles au cinéma ou à la télévision. Choisir un Jamel pour jouer dans Astérix, cela reste nettement plus facile en France. Le terme «beur» n'existe d'ailleurs pas pour les Turcs de la seconde génération. Même né en Allemagne, un Turc reste turc. Alors faire admettre qu'avec un nom turc et une tête basanée on peut être un très bon acteur allemand, cela revient à soulever des montagnes.
«Authenticité». C'est ce que fait la bande de Fatih Akin. Tous se sont greffés autour d'un film,