Menu
Libération

Une pile électrique au ciné-club

Article réservé aux abonnés
Echos d'une séance avec Martin Scorsese, à Los Angeles.
publié le 8 janvier 2003 à 21h42

Los Angeles correspondance

C'était le 16 décembre, sur la scène de l'immense salle de l'Arclight, nouveau multiplexe de luxe dans l'ancien quartier délabré de Hollywood. Devant les étudiants qui préparent une maîtrise de cinéma à l'American Film Institute (AFI), «Marty» a plongé dans les coulisses de Gangs of New York. Scorsese est conscient des réactions partagées de ce public d'aficionados qui s'empoigne (verbalement) dès les lumières rallumées. C'est une véritable séance de ciné-club où, parlant avec les mains, il fait tout, l'animateur, le cinéaste invité, le propriétaire de la salle et même, très souvent, les questions des spectateurs. Dans ce rôle d'homme-orchestre, il est parfait : à toute allure, le petit bonhomme saute sur son siège, réplique et questionne, provoque et charme.

Ciné-obsession. C'est un rôle qui vient de loin, quand l'enfant de Little Italy s'échappait par la salle de cinéma. «Dans ma famille, ça hurlait, dans mon quartier, tout était violent. J'ai eu deux refuges : l'église et le cinéma.» Sa cinéphilie, intense, vécue comme une planche de salut, lui sert toujours : «Pendant la préparation, j'organise un petit ciné-club : des projections pour l'équipe avec des films que j'aime, russes beaucoup, de l'humour anglais aussi, et d'obscurs films d'horreur ou des films noirs. Puis, pendant les tournages, je me prends pour Fellini, parfois pour John Ford, mais le mieux c'est quand je suis Raoul Walsh.»

Cette cinéphilie fut à l'origine de son passage à la réalisa