Menu
Libération
Disparition

Pialat, a la vie a la mort

Article réservé aux abonnés
Le cinéaste a succombé à une insuffisance rénale samedi.
Maurice Pialat en août 1985. (AFP)
publié le 13 janvier 2003 à 21h46

Voici un an, presque jour pour jour, Maurice Pialat débutait ainsi un entretien accordé à Libération (16 janvier 2002) : «Je rêve souvent d’un film : un type meurt, c’est la fin, sans pathos, puis un noir total, qui dure. Salut.» Le noir est advenu à minuit et dix minutes dans la nuit de vendredi à samedi, quand Pialat s’est éteint entouré de sa garde, Depardieu, Huppert, Toscan, quelques proches. Depuis mercredi, quand la dialyse a été arrêtée, Sylvie, sa femme, avait réussi à faire venir la «famille», depuis longtemps dispersée, enfin réconciliée ; Dutronc, Bonnaire, Berri, Davy, ils étaient tous passés pour la cérémonie des adieux. Un très grand cinéaste est parti.

Maurice Pialat n'était pas un gars commode. Il était célèbre pour ses colères, ses grognements, son aigreur. Mais cette bile noire était féconde. «Dès le début, j'ai eu des problèmes, avait-il confié un jour. Comme si j'étais devant un mur, comme s'il y avait un rejet. C'est pourtant quand les choses vont mal que je suis le mieux. Je réussis au moins ça. De là à dire qu'il faut que ça aille mal pour que je me retrouve, et que je fais exprès de foutre la merde...» ça a été mal dès le début, quand Maurice Pialat rate le train de la Nouvelle Vague, par négligence, malchance, naïveté, complot (lui penchera pour la dernière réponse, admettons qu'il s'agit d'un mixte des trois premières). Successivement, Chabrol, Truffaut, Godard, Rivette, tous ses cadets, se lancent dans l'aventure du premier film entre 1957 et 1959.