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Libération
Critique

Sissako et Depardon se font écho

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«Heremakono» et «Un homme sans l'Occident» restituent l'Afrique, chacun à sa façon.
publié le 15 janvier 2003 à 21h49

Il se fabrique un étrange tricot, quand la maille Sissako croise la maille Depardon. Le premier fait halte dans une ville au bord du désert, alors qu'Africain il va partir vers l'Occident ; le second arrive d'Occident pour, Français en voyage au long cours, s'oublier dans le désert. En plusieurs points, ces deux films se rencontrent, avant de s'éloigner, très loin, puis se retrouvent, pour de nouveau bifurquer. Radicalement différents autant qu'extrêmement proches, Heremakono et Un homme sans l'Occident ont des choses à se dire.

Le vent du désert souffle de l'un à l'autre, et des gestes de survie se répètent : enfouir, marcher sur le sable, guetter. Mais l'un est aux couleurs vives ou pastel des tissus, des portes, des murs, des multiples variations du teint des peaux noires ; l'autre façonné par le noir et blanc du photographe, tableaux animés où les silhouettes et leurs ombres font taches sombres sur les nuances de blanc grisé du désert, où chaque dune au soleil possède son envers d'ébène. L'un est aux parlers multiples, les langues mêlées dans un français travaillé comme un creuset ; l'autre est confié par la voix de Depardon à la langue touboue pour qu'y éclatent, parfois, devenues comme étrangères, quelques sentences hexagonales. Abderrahmane Sissako poursuit le journal autobiographique de son propre regard quand Raymond Depardon retrouve un roman écrit «à la place de l'autre». Ce sont cependant deux cinéastes en Afrique.

L'attente du visa. Après la Vie sur terre qui, lor