Menu
Libération

Champs et sons

Article réservé aux abonnés
Jean-Paul Duret, fils de paysan et ingénieur du son chez Pialat, les frères Dardenne, les Straub...
publié le 29 janvier 2003 à 22h01
(mis à jour le 29 janvier 2003 à 22h01)

Quand il prend la caméra, c'est pour filmer les siens. Des paysans de Savoie, sept hectares et six enfants (Un beau jardin par exemple, 1992). Ou, plus loin, des paysans du Mexique cultivant la terre des autres (Romances de terre et d'eau, 2002). Mais c'est par la bande que Jean-Pierre Duret est venu au cinéma. Par la bande-son.

Un hasard de rencontres a embarqué le cinquième de la fratrie Duret des plateaux savoyards aux plateaux de cinéma. Il y tient la perche avant d'être ingénieur du son, sur des tournages aussi intenses que ceux des Dardenne, de Pialat, de Straub et Huillet... Un parcours qui a cependant moins l'allure d'une ascension que d'une boucle : aller voir le monde pour, en revenant, mieux regarder son village.

Le documentaire qu'il a réalisé sur ses parents raconte les vaches douces à traire, les chambres glacées le matin, la cave à vin des hommes. Il montre les mains noueuses du père qui gratte la terre autour des légumes, ses yeux clairs, ce visage sec qu'il a transmis à son fils. Jean-Pierre Duret aujourd'hui a presque le même âge que la vigne familiale, 50 ans : «Je sais que là je suis chez moi.» Sa vie est faite de hasards, mais aussi d'une nécessité transmise par le père. Celle d'être un bon artisan, au service de l'art. Le cinéma l'a réconcilié avec lui-même, a éradiqué «la honte d'être paysan».

De Peugeot à Gatti. Quand, de mai 1968, il entend les premiers slogans à travers les murs du petit séminaire, il a «la sensation que nous, les paysans, nous sommes