Refonder une petite société anarchiste dans l'Argentine désossée d'aujourd'hui, tel est le projet que los Porfiados («les acharnés») donne à voir. Une poignée de marginaux se retrouvent dans un faubourg de Buenos Aires Artemio l'aiguiseur de couteaux, Bragueton le militaire, Domingo le joueur invétéré, Don Bachetta le retraité, Eva l'égérie française, et Dino le meneur charismatique. Dans une remise et une caravane, ils refont le monde, défont l'ancien, avant de songer à tout faire sauter. La communauté ne tardera pas à imploser, les passions et les lâchetés entraînant le huis clos vers la dispute, le désastre et la séparation.
Le deuxième film de Mariano Torres Manzur, jeune homme de 27 ans, est souvent maladroit, bavard, aussi porté sur le poncif que sur la boisson, mais il n'en témoigne pas moins d'une tendance cruciale de la cinématographie actuelle.
Sur la carte du septième art, l'Argentine, semaine après semaine, clignote en rouge : los Porfiados est l'un de ces innombrables films bricolés avec trois pesos et six sous qui rappellent, là-bas, l'effervescence du désir de cinéma. Quand 10 000 étudiants de cinéma rivalisent, cela secoue le cocotier : films noir et blanc tournés dans la rue, au milieu des copains et des passants ; dialogues à la va-vite et costumes reprisés ; décors improvisés et acteurs de circonstance, trouvailles techniques et 16 mm obligatoires... Tout ça, c'est los Porfiados, un film en quatrième vitesse, courant tel un chien fou, comme il doit s'en to