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Libération
Interview

«Cette chose, c'est moi, moi comme fiction»

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Six documentaristes répondent à la question : «Pourquoi vous filmez-vous?»
publié le 5 février 2003 à 22h08

Entrer dans son propre film n'est pas un acte anodin... Tous les cinéastes, répondant à la question «pourquoi vous filmez-vous ?», en conviennent. Mais tous proposent une interprétation différente de ce passage à l'écran, jusqu'à Claire Simon qui explique, elle, son refus d'apparaître dans ses documentaires.

Raymond Depardon (auteur de 1974, Une partie de campagne, Urgences, Délits flagrants). «Me filmer est absolument logique, indispensable : faire un documentaire c’est prendre quelque chose aux gens, dans leur vie, de leur personne, et pour avoir le droit de faire ça, il faut se présenter, passer à l’écran. Je dois dire qui je suis pour pouvoir dire qui sont les autres. S’investir consiste à retourner la caméra sur soi, à passer du cadre-fenêtre au cadre-miroir. Par rapport à l’écrit, où cette autonarration est omniprésente, le cinéma est à la traîne, longtemps figé dans un interdit du moi qui est en train de se fissurer. Car l’outil cinéma permet cette présence du moi, je dirais même de l’inconscient. Il faut continuer l’aventure des Flaherty, des Rossellini, les grands cinéastes du moi, par le film sur son propre inconscient. C’est l’avenir même du cinéma, qui passe par la liberté du journal intime.»

André S. Labarthe (auteur de Sollers, l’isolé absolu, Bataille à perte de vue, ou Artaud cité, atrocités). «Pourquoi poser cette question uniquement à partir du documentaire ? Car j’ai l’impression d’être un élément de fiction quand mon corps apparaît dans un de