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Libération
Critique

Des soeurs à l'essoreuse

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«The Magdalene Sisters», sur le sadisme qui prévalait dans certains couvents catholiques irlandais.
publié le 5 février 2003 à 22h07

Dans son album Turbulent Indigo, Joni Mitchell chantait déjà la tristesse des Magdalene Laundries : «Femmes déchues/Condamnées aux corvées sans rêve/Pourquoi nomme-t-il ce lieu impitoyable/Notre-Dame de Charité ? O, charité !» Le contexte historique de la chanson devait échapper à bien des auditeurs. Le film de Peter Mullan, son deuxième après Orphans, restitue à la complainte toute la richesse et la violence de ces institutions coercitives qui pullulèrent en Irlande jusqu'en 1996, date de leur fermeture définitive.

Tenues par des nonnes, les «Blanchisseries de Madeleine» accueillaient des adolescentes orphelines, des filles-mères, des prostituées, des jeunes femmes violées, la plupart du temps placées dans ces espèces de maisons de redressement par leurs parents, catholiques irlandais des couches populaires ou issus de la petite bourgeoisie. Créés à la fin du XIXe siècle, ces couvents virent ainsi défiler 30 000 pensionnaires, affectées aux tâches abrutissantes de nettoyage du linge des écoles ou des hôtels du coin. Privées de tout revenu, enfermées, elles étaient livrées à l'arbitraire tyrannique des supérieures hiérarchiques.

Misogynie. Peter Mullan est parvenu à réunir la spécificité de cette histoire et sa dimension universelle. Le film se passe dans les années 60 et se concentre sur trois jeunes femmes fraîchement arrivées dans une «blanchisserie», ignorantes des fautes qu'on leur reproche et de la durée de leur incarcération. Harcelée par sister Bridget, la générale à c