Quelle forêt de documentaires cache le bel arbre de Nicolas Philibert, Etre et avoir ? Pour certains, l'étonnant succès en salles de ce film serait symptomatique de l'arrivée du documentaire dans la cour du grand écran. D'un possible accès, enfin, des documentaires au box office du cinéma. De leur émancipation nouvelle de la télévision. De la soudaine vitalité d'un genre jusque-là considéré comme le parent pauvre de la fiction. Pour d'autres, il n'y a là qu'un phénomène exceptionnel, lié au sujet bon enfant/bon maître du film. Auquel s'ajoute cette année celui de Bowling for Columbine de Michael Moore, alors que l'an dernier déjà le Peuple migrateur était parvenu à la 49e place au box office... Ce «miracle» ne serait-il pas plutôt le fruit d'un long cheminement des accros du docu ?
Depuis une vingtaine d'années, les festivals se sont multipliés (Cinéma du réel à Paris, Visions du Réel à Nyon, Fictions du Réel à Marseille, Documentaires sur Grand Ecran à Paris...). Tous ont à coeur de défendre un cinéma qui mérite qu'on lève les yeux sur lui. «C'est vrai que nous voyons enfin des succès, même en salle, admet Sophie Goupil productrice aux Poissons volants, mais ils voilent une situation pas toujours rose». Depuis dix ans, avec une quarantaine d'autres producteurs de documentaires, les Poissons volants, se réunissent chaque mois pour faire le point. C'est le «Club du 7 octobre» : «Nous l'avons créé à un moment où la chaîne Arte était menacée, et nous avons senti le besoin de con