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Libération

Monteiro, morituri te salutant

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Le cinéaste portugais s'est éteint lundi soir à 64 ans.
publié le 5 février 2003 à 22h07

Un petit mot, griffonné avec émotion, reçu par fax du Portugal : «Un des plus grands cinéastes disparaît, quelle tristesse. Au moins, avec Daney, il sera vite en train de rigoler quelque part...» Paulo Branco est triste, lui qui a produit les films de Joao Cesar Monteiro depuis vingt ans. Il a «perdu un ami et un dandy», le réalisateur et interprète de Souvenirs de la maison jaune, la Comédie de Dieu, le Bassin de J. W., les Noces de Dieu.

Dans ces films, Monteiro était Jean de Dieu, personnage qu'il avait créé et campait avec son physique de Nosferatu, suffisamment pervers pour être inquiétant, assez inquiétant pour devenir brillant : une présence de tous les instants. En tournage cet été à Lisbonne, pour un film qui restera son dernier, Va-et-vient (encore inédit), il était un autre personnage, Jean Vuvu, veuf trempant dans une affaire de meurtres. Et dans Blanche-Neige (2000), il n'était plus rien du tout : le film, noir, d'un noir inoubliable, ne laissait à aucun être humain le droit d'apparaître à l'écran, juste celui de dire, à cinq voix, un texte de Robert Walser.

Courage. La dernière apparition publique de Monteiro, déjà miné par la maladie, fut à cette occasion : il intima aux journalistes qui critiquaient Blanche-Neige comme un «gaspillage d'argent public» d'aller «se faire foutre». Droit comme un i, dans un cinéma de Lisbonne, Monteiro faisait face, avec ce courage physique qu'ont parfois les hommes de petite taille. Manoel de Oliveira l'avait rejoint dans ce combat