Menu
Libération
Interview

Ghassan Salhab Beyrouth «Une énigme, un puzzle»

Article réservé aux abonnés
Le cinéaste libanais a voulu un film calqué sur sa ville-muse.
publié le 12 février 2003 à 22h13

Age : 45 ans. Douze passés au Sénégal (où il est né), dix-sept dans Beyrouth dévasté par une guerre interminable, puis seize dans cette même ville qui se reconstruit. Et des allers-retours vers Paris, la cité du cinéma... Ghassan Salhab met ces multiples vies dans ses films sur sa ville : Beyrouth fantôme, découvert au Festival des Trois Continents à Nantes en 1998, Terra incognita présenté au dernier Festival de Cannes (Un certain regard).

Une ville fragmentée. «Il est important que le spectateur de Terra incognita soit perdu. Il n'a jamais une longueur d'avance sur le film, ne voit pas tout de la ville, tout de l'histoire, n'a que des fragments. Le film demeure une énigme, un puzzle incomplet. C'est Beyrouth : un lieu qui n'arrive toujours pas à prendre forme, qui conserve un rapport au chaos, avec une organisation générale qui échappe. Pourtant, cette ville est un tout : ses quartiers, ses habitants, ses activités sont disparates, mais cette marqueterie fait un ensemble. C'est pourquoi le film devait ressembler à cette ville, comme le dit la phrase de Beckett : "La forme est le contenu"...»

Dans le présent. «Une narration classique n'aurait pas fonctionné pour ce film. Quelle histoire peut-on encore raconter, se raconter, à Beyrouth, où chacun se débrouille comme il peut, non comme il veut ? C'est une organisation en suspens, au sens où la ville est suspendue au présent : le passé est trop compliqué, le futur tellement flou