Menu
Libération
Critique

«L'Ours rouge», la patte argentine

Article réservé aux abonnés
Portrait d'un loser, en écho au marasme du pays.
publié le 26 février 2003 à 22h40

Un Oso Rojo est le troisième film d'Adrian Caetano, et le premier à trouver en France une distribution digne de ce nom. Ses deux précédents opus (Pizza, Birra, Faso et Bolivia) ne s'étant fait connaître que d'une poignée d'aficionados, ceux qui guettaient, il y a quatre ans déjà, le réveil d'un nouveau cinéma d'Amérique du Sud, à travers un circuit aujourd'hui bien connu qui va de San Sebastian à Mar del Plata, de Buenos Aires à Rotterdam. En passant par Cannes, où la Quinzaine des réalisateurs l'avait accueilli, le film nous avait séduit. Sans pour autant tomber dans le panneau du moment où «tout film gagne à être argentin» tant il saute aux yeux que la manière de Caetano n'a que peu à voir avec les trouées modernistes d'un Pablo Trapero, d'une Lucrecia Martel ou de Diego Lerman (Tan de Repente). Ses façons sont plus rustres, s'embarrassent moins de ruptures, et revendiquent implicitement un amour inconditionnel pour la forme hollywoodienne, le cinéma de genre filmé à hauteur d'homme (on pense à Hawks, comme tout le monde).

Chavez idoine. A s'en tenir à ce seul Ours rouge, le cinéma d'Adrian Caetano repose avant tout sur l'acteur. L'acteur comme socle, mais encore l'acteur comme cible à toutes ces attaques que l'enchaînement des séquences entend lui faire endurer. A ce jeu-là, du résistera-résistera pas, l'ours Julio Chavez porte en lui une énergie du désespoir qui force le respect. Il est à la fois tout de maladresse et d'invincibilité. Le personnage idéal de l'Argentine 20