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Libération

Plein champ sur le «battle»

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«8 Mile» la joute oratoire, élément-clé de la culture hip hop.
publié le 26 février 2003 à 22h40

8 Mile n'est pas un film rap ou musical, à proprement dit, mais rarement une fiction n'aura retranscrit si justement l'univers de la culture hip-hop. Plutôt que de s'intéresser, comme la plupart des films qui mettent en scène des rappeurs-acteurs (Ice Cube dans Boyz N the Hood, Tupac Shakur dans Juice...), à la violence du public et de leur quartier, 8 Mile a choisi d'attirer l'attention sur ce qui fait l'essence même de cette culture urbaine : le battle, le défi (1). Cet esprit de compétition et d'affrontement traverse toutes les disciplines de la culture hip-hop, et a participé à sa créativité depuis son origine. Un des pionniers, Afrika Bambaataa, s'en était même servi pour réduire la violence entre les différents gangs de son quartier, établissant des règles pour chaque discipline. En danse, deux b-boys (danseurs de break) s'affrontent pour exécuter les meilleures figures à l'intérieur d'un cercle formé par le public. Sur leurs platines, les DJ doivent réaliser les meilleures prouesses techniques (scratch, passe passe) en un temps réduit. Les collectifs de graffiti-artistes, allergiques aux règles, se livrent, eux, bataille sur les murs des villes. C'est à celui qui taguera le plus, dans les endroits les plus vus et les plus inaccessibles. Pour le rap, les battles prennent la forme de véritables joutes oratoires, qui, dans leur fonctionnement, sont proches des ligues d'improvisation, mais dépassent l'entendement sur le fond. Tous les coups sont bons : l'humiliation, la m