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Libération
Critique

Une «Vie» de vertige et de patin

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publié le 26 février 2003 à 22h40

Qui a filmé Ma Vraie Vie à Rouen, le nouveau film d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau ? C'est une question pas du tout théorique puisque Etienne, le protagoniste, est un adolescent qui use et abuse de son Caméscope pour écrire son journal, souvent intime quand il filme ses proches (sa mère, sa grand-mère, son copain, lui-même), parfois «extime» lorsqu'il fixe quelques paysages de Rouen et de la Normandie. Toutes les images semblent être de lui ou de ceux à qui, de la main à la main, il prête un instant sa caméra.

Ce qu'on sait de la façon dont se fait le cinéma induit un constant va-et-vient entre cette illusion (cinéma sans cinéaste) et sa contrariété : il y eut un chef opérateur (et même deux), un scénario, des acteurs et un metteur en scène (la SA Ducastel-Martineau) pour les diriger. Etre ou ne pas être un film ? Ma Vraie Vie à Rouen vaut mieux que ce léger dilemme. On peut concevoir que si sa convention insupporte, elle insupporte tout de suite et irrémédiablement. On peut aussi regarder par-dessus son épaule et apercevoir un autre film : les aventures d'un déséquilibré. Ça se voit dans le cadre qui enregistre le moindre tremblement de chair. Ça se sent au fil de l'histoire qui s'inquiète moins d'un petit secret (l'homosexualité vagissante du jeune Etienne) que d'un grand mystère : comment le désir nous mène, nous fait valser parfois, déraper souvent?

Etienne est patineur sur glace. De double axel entre triple salto, on le voit s'exercer comme pour illustrer cette cha