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Libération
Critique

D'une signature à l'odyssée

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Une femme se substitue à un proche suicidé.
publié le 5 mars 2003 à 21h48

Au ras du sol, éclairés par une lumière rouge qui clignote : un bras et un visage. Ça clignote parce que c'est Noël, lumière de sapin, de fête. Le bras porte une profonde cicatrice au poignet. Ça saigne, ça a saigné : ça s'est suicidé. Le visage est celui d'une jeune femme, sonnée d'avoir trop pleuré. A l'orée de Morvern Callar, il y a ces quinze minutes fascinantes où rien ne se passe hormis ce bras et ce visage. Quand la vie, les larmes, la raison se sont échappées.

Puis la jeune femme veut oublier. Elle rejoint une copine, passe dans les bars et les soirées de Glasgow, chante, pleure, boit, fume, parle, parle, parle, mais ne dit rien à personne de sa perte. Alors, on la découvre belle, de l'étrange beauté de l'actrice anglaise Samantha Morton, suffisamment défaite pour attirer les regards. Morvern Callar est son nom, qui va effacer le suicidé, recouvrir sa signature : un manuscrit achevé, laissé sur le disque dur de l'ordinateur, un roman écrit par le «cadavre» que s'approprie la femme, qu'elle signe et qu'elle envoie à un éditeur.

Conte de fées littéraire.

Morvern Callar part en Espagne avec sa copine, dans le Sud, pour se remettre d'une épreuve qu'elle n'a toujours pas dévoilée. Là, le film se perd, dans le chic et le tourisme, dans le conte de fées littéraire, et le manuscrit envoyé comme un roman-bouteille à la mer vaut immédiatement à l'héroïne un contrat de 100 000 dollars... Mais on n'oubliera ni cette sanglante veille de Noël ni la présence radicale de Samantha Morto