Si l'on cherche un équivalent français à Monsieur Schmidt, il faut lorgner du côté de Patrice Leconte dans sa veine satirique type Tandem ou les Grands Ducs, elle-même fortement influencée par l'humour agressif d'un Dino Risi. L'Américain Alexander Payne bénéficie à domicile d'une réputation auprès de l'intelligentsia, grâce à deux films grinçants, Citizen Ruth (1996) et Election (1999), réputation qu'il n'a pas vraiment réussi à exporter en France. Son passage en compétition au dernier Festival de Cannes fut discret, malgré la présence de la star tenant le haut de l'affiche, Jack Nicholson.
Ce tableau affligeant d'une certaine Amérique plouc emblématisée par le personnage du retraité veuf Warren Schmidt en vadrouille dans le Nebraska peut décourager jusqu'au plus virulent détracteur de la puissance US. Sans doute parce que Payne voit son pays non sous l'angle de la puissance mais sous celui d'un insondable ennui et d'une proverbiale bêtise. La condescendance cruelle avec laquelle il dépeint l'univers défait du vieil homme, grosse patate, ex-employé de bureau conformiste désormais seul et désoeuvré, est soulignée par la correspondance absurde qu'il entretient avec un enfant miséreux en Afrique.
On ne sait pas si Nicholson est génial ou épouvantable tant il cabotine à l'envers, non plus extraverti mais implosif, sous-jouant tout mais à la tonne. Le film est globalement déplaisant ; reste un passage au sein d'une famille de dégénérés new age avec une séquence absolument irrésist