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Libération
Critique

Rapp, grave démago

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Entre France et Espagne, déferlante de bons sentiments.
publié le 5 mars 2003 à 21h48

Après Tiré à part et Une affaire de goût, deux films au climat tendu vraiment intrigants, Bernard Rapp a d'évidence voulu s'adonner aux joies relaxantes de la comédie sentimentale, qui plus est au soleil de l'Espagne. Le titre dit tout : Pas si grave.

Trois garçons, enfants adoptés par un couple de républicains exilés à Liège après la guerre civile espagnole, devenus adultes, sont chargés par leur père à l'agonie de récupérer une statuette de la Vierge à Valence, souvenir d'un après-midi de résistance acharnée contre les franquistes. Léo, Max et Charlie filent donc cap au sud dans leur break jaune, Manu Chao à fond. Avec l'aide d'Angela, pulpeuse chirurgienne, et de Ramon, capitaine de la Guardia civil le jour, travelo la nuit, ils vont échafauder un plan pour subtiliser la vierge enfermée dans un placard dans une caserne de la ville.

Gentils et méchants. Cette histoire rocambolesque est prétexte à toutes sortes de scènes de la vie comme elle va, on rit, on pleure, on se chamaille, on baise, on se tait devant le poids des douleurs rentrées, du passé qui ne passe pas, on révèle son homosexualité (Léo, le trompettiste bohème), on se venge du racisme intempestif d'une bande de soiffards anglais (Charlie, le beur souriant), on retrouve sa vraie maman perdue (Max, l'épileptique).

Comme la mantequila y marmelada sur la tartine, Rapp n'a pas eu peur d'étaler les bons sentiments dans le sens du poil de gauche. Il y a les gentils, les méchants, on ne peut pas les mélanger ni se tromper.