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Libération
Interview

Rare Marker

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A l'occasion de la sortie en DVD de ses films «Sans soleil» et «la Jetée», entretien exceptionnel avec un cinéaste parmi les plus secrets.
publié le 5 mars 2003 à 21h49
(mis à jour le 30 juillet 2012 à 17h19)

La sortie de Sans soleil et la Jetée en DVD est un événement, comme toute apparition furtive dans l'actualité de Chris Marker, l'un des grands cinéastes de notre temps, le plus secret aussi. Chris Marker, 81 ans, préfère toujours laisser parler ses images plutôt que son image : moins d'une dizaine de photos de lui existent, ses interviews sont encore plus rares.

Le cinéaste a accepté le principe d'un long entretien avec Libération, par e-mail et en kit: quatre thèmes, dix questions par thème. Il n'a pas répondu à toutes, mais ces douze feuillets, par instants «carrément dostoïevskiens», nous comblent.

Cinéma, photo-roman, CD-Rom, installations vidéo, DVD. Y a-t-il un support que vous n'ayez tenté?

La gouache.

Pourquoi avoir accepté l'édition en DVD de quelques films, selon quel choix?

Vingt ans séparent la Jetée de Sans soleil. Et encore vingt ans jusqu'à présent. Dans ces conditions, parler au nom de celui qui a fait ces films, ce n'est pas une interview, c'est du spiritisme. En fait je crois bien n'avoir ni accepté, ni choisi ; quelqu'un en a parlé, et ça s'est fait. Qu'il y ait une certaine relation entre les deux films, je le savais, mais je ne voyais pas la nécessité de m'expliquer... Jusqu'à ce que je trouve dans un programme publié à Tokyo une petite note anonyme qui disait : «Bientôt le voyage approche de sa fin... C'est alors seulement que nous saurons que la juxtaposition des images avait un sens. Nous nous apercevrons que nous avons prié avec lui, comme il convient dans un pèlerinage, chaque fois que nous assistions à la mort, au cimetière des chats, devant la girafe morte, devant les kamikazes au moment de l'en