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Libération
Critique

«Usine» à cauchemars

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La lutte inégale des ouvriers d'Epeda contre la fermeture de leur site.
publié le 5 mars 2003 à 21h48

Il y a cette fameuse scène, en juin 1968, où une ouvrière retournait dans son usine en pleurant de rage (la Reprise du travail aux usines Wonder). Trente-cinq ans plus tard, une ouvrière pleure encore, mais cette fois parce qu'elle doit en sortir. L'impuissance est toujours là, mais elle a changé de nature. Et si Luc Decaster filme en 1999 ce même affrontement entre patrons et ouvriers, ce ne sont plus de pures larmes de colère qu'il trouve dans une petite usine Epeda, à Mer (Loir-et-Cher).

Silences. Brutalement, les 290 ouvriers ont appris un lundi matin que leur usine fermait alors que «la semaine d'avant y avait pas assez de matelas au compteur», raconte Yolande. Luc Decaster enregistre les six mois de lutte des travailleurs pour préserver leur usine, puis pour récupérer quelques indemnités avant d'être jetés sur le trottoir du chômage.

Sa caméra, de manifs en plans sociaux, cherche en vain un peu de ce «rêve d'usine» qu'il a choisi pour titre de son film. Elle ne trouve que le goût amer de la dernière bière ensemble, du dernier matelas, des longs silences dans la cantine vide. Où est la lutte de classes ? «On revient en arrière, constate cette ouvrière, au temps de nos parents. Celui des riches et des pauvres.»

Inéductable. Alors, le rêve, c'est plutôt celui d'une Mégane, qui s'envole. Et jusqu'à ce respect de soi, que leur donnait le «savoir-faire» ouvrier, qui s'émiette sous la caméra empathique de Luc Decaster. Contrairement à ce que dit un ouvrier, Dédé, la «beauté de c