Porto-Vecchio envoyée spéciale
C'est face au lion de Roccapina, un imposant rocher qui domine l'une des plus belles plages de Corse, que Karim Ghiyati a choisi de tenir conversation. Le décor de l'inénarrable Amour et vendetta, l'un des premiers films insulaires, un muet de 1923 retrouvé par la cinémathèque de Porto-Vecchio dont il est aujourd'hui le directeur artistique. Sur la terrasse de pierres plates au milieu du maquis, Karim Ghiyati savoure point de vue et charcuterie locale. Il a mis les pieds pour la première fois en Corse en octobre, mais le jeune homme a manifestement déjà pris ses marques du nord au sud de l'île. Il y a peu, cinéphile suractif, il organisait des débats sur Bresson au Reflet Médicis à Paris. Aujourd'hui, il s'est donné pour mission d'irriguer l'île du plaisir du cinéma.
«Quand le directeur, Jean-Pierre Mattei, m'a demandé de le rejoindre à la cinémathèque de Porto-Vecchio, beaucoup de mes amis ont eu peur que je vienne m'enterrer ici. J'ai au contraire été très excité. On recommence à zéro.» Si l'association mère la Corse et le Cinéma fête ses vingt ans cette année, la cinémathèque, elle, n'est opérationnelle que depuis quelques mois. Un long cheminement qui a amené Mattei, un pharmacien cinéphile, à la tête de ce grand vaisseau blanc de 1 300 mètres carrés dans une petite ville de 12 000 habitants enclavée en Corse-du-Sud. Et ce, dans une île qui ne compte qu'une dizaine de salles de cinéma ! A force de passion et d'acharnement, le collectionneur a