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Libération
Critique

Impressionnants impressionnistes

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A côté du «vérisme» français, des docus de Taiwan, de Chine ou de Russie enchantent.
publié le 12 mars 2003 à 22h00

Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. C'est à ce proverbe chinois que le réalisateur Huang Ting-fu dit avoir fait appel pour choisir le titre de son film, Nail. Mais pour nous montrer la lune, Huang Ting-fu filme des doigts. Les doigts usés, flétris par le temps, des visiteurs du temple de Long-Shan à Taipei (Taiwan). Cette délicate leçon de cinéma venue d'Asie lave radicalement le regard que l'on peut poser sur la centaine de films documentaires (1) présentés à cette 25e édition du Cinéma du réel.

Ongle mort. A côté de réalisations françaises souvent empreintes d'une même couleur vériste, les films d'ailleurs semblent singulièrement débridés. Deux films de jeunes réalisateurs chinois. Nail, un petit film de 45 minutes tourné en 35 mm pendant un an dans le vieux temple historique de Taipei. Par touches minuscules au ras des choses, Huang Ting-fu compose sa propre musique du temps qui s'égrène et s'achève, emphatique, sur le gros plan d'un ongle mort. La peau craquelée du doigt comme un paysage lunaire... Pas d'entretiens, pas de commentaires, des personnages parfois muets, mais le son et l'image miraculeusement synchrones avec le regard mélancolique de Huang sur le monde.

Dans cette même veine «réaliste poétique», Mine n° 8, filmé en DV par le Chinois Xiaopeng, est une pépite de 34 minutes. Une plongée en apnée dans les tunnels d'une mine du XIXe siècle dans une vallée du Shanxi. Dans le bruit assourdissant des wagons rouillés, les hommes remontent noirs,