Les Lundis au soleil de Fernando Leon de Aranoa sont le meilleur film espagnol depuis Parle avec elle de Pedro Almodovar. Comme son compatriote, Leon a retrouvé les qualités d'un cinéma populaire. Là s'arrête la comparaison : quand le Manchego Almodovar recrée le mélo flamboyant, Fernando Leon, espoir (34 ans) du cinéma ibérique, retrouve les recettes d'un cinéma réaliste, qui parle des problèmes de tous les jours avec humour et émotion.
Lino, José et Santa. Le film commence sous une pluie de boulons et de grenades lacrymogènes. Images documentaires qui nous viennent des années 90, des bagarres opposant ouvriers et policiers à Vigo, un port de la Galice, au nord de la péninsule, quand ont fermé les chantiers navals. Ce n'est qu'après ce générique musclé que nous retrouverons le soleil et juste en dessous, trois anciens ouvriers, chômeurs. Trois parmi des milliers d'autres. Ils prennent le ferry le lundi matin pour aller chercher du travail en ville. Il y a Lino, qui se croit trop vieux pour décrocher un nouveau job et fera tout pour faire croire qu'il est plus jeune ; et José, qui a du mal à vivre aux côtés d'une épouse devenue «la personne active du couple». Et enfin il y a Santa, la grande gueule qui doit répondre devant la justice de la destruction d'un lampadaire des mois plus tôt, pendant les émeutes. Santa est une sorte de brute à l'imagination débordante, toujours prêt à donner une explication bizarroïde, à se faire passer pour suisse, ou connaisseur des choses médical