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Libération
Critique

Le «Fuck you» de Spike Lee à Ben Laden

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Son nouvel opus, «la 25e Heure», est hanté par le traumatisme du 11 septembre.
publié le 12 mars 2003 à 22h00

Monty Brogan est un important dealer de Manhattan. Il vient de se faire serrer par les flics et a pris sept ans de prison. Il passe ses dernières 24 heures de liberté avant de rejoindre le pénitencier en un lent et pathétique adieu à ses proches : deux amis, son père, la femme avec laquelle il vit. Adieu aussi à la ville qu'il lui faut quitter pour s'apercevoir à quel point il l'aimait, New York. Le film est l'adaptation, par son auteur David Benioff, du roman 25 th Hour paru en 2000.

Visionnaire. Dans une scène du livre, Monty est aux chiottes et, lisant un graffiti «fuck you», se lance dans un monologue intérieur vouant le melting-pot new-yorkais aux gémonies : «les sikhs enturbannés et les Pakistanais mal lavés au volant de leurs taxis fous», «les pédés de Chelsea», «les épiciers coréens», «les Nigérians en boubou blanc», «les hassidim en chapeau noir et redingote tachée». Jusqu'à cette phrase étonnante et, a posteriori, visionnaire : «Que toute cette ville aille se faire foutre (...). Que les Arabes fassent sauter tout ça (...). Que le feu brûle, brûle, brûle !» Comme on peut s'en douter, cette déclaration n'est plus du tout dans le film de Spike Lee, mais les images de Ground Zero, oui, de même que celles d'Oussama ben Laden dans ses grottes afghanes. Le texte est devenu quelque chose comme : «Fuck you Oussama ben Laden avec ton torchon pouilleux sur la tête et tes 72 putes au paradis !»

La 25e Heure est hantée par le traumatisme du 11 septembre qui a d'évidence profondém