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Libération
Critique

Sous les voiles, un Iran entre révolte et asphyxie

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Le docu de Thierry Michel ausculte un régime qui craque aux coutures.
publié le 12 mars 2003 à 22h00

Des foules masculines soudées par des discours de larmes, une exaltation constante du martyre, un «religionisme» morbide régnant sur les lieux de spectacle comme sur les mosquées ou les cimetières... Le documentaire que Thierry Michel a rapporté d'Iran saisit le spectateur comme un terrible, mais aussi très poignant, voyage en asphyxie.

Auteur, à 50 ans, d'une quinzaine de films politiques et humanitaires, le cinéaste belge a l'habitude des sujets et des pays difficiles. Avec Mobutu, roi du Zaïre, il y a quatre ans, il estimait avoir bouclé un cycle : «Après sept films et une décennie d'Afrique, j'avais besoin d'aller à la rencontre d'une autre culture, d'un nouvel ailleurs.» L'islam de la République iranienne, donc, pour interroger le rapport entre Orient et Occident. Un choix arrêté avant le 11 septembre. L'Iran chiite, héritier de la civilisation persane. Un pays où le pouvoir réel n'appartient pas à son président réformateur, Mohammad Khatami plébiscité par plus de 70 % des Iraniens, mais au «guide suprême» Ali Khamenei, successeur de l'ayatollah Khomeiny, qui a la haute main sur l'appareil judiciaire, l'armée et les milices islamistes.

Ecartelé. Cette dictature théocratique, régnant dans le sang, est la première république islamique. «Historiquement, elle a levé l'étendard de l'Islam politique, bien avant l'Afghanistan, qui n'a fait que suivre la voie inaugurée par Khomeiny», souligne Thierry Michel. Mais les trois quarts des Iraniens ont aujourd'hui moins de 30 ans et n'