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Interview

Todd Haynes : «Le climat n'est pourtant pas propice au mélo»

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Rencontre avec Todd Haynes, fan de Douglas Sirk et Bob Dylan.
publié le 12 mars 2003 à 22h01

Né en janvier 1961 à Los Angeles, Todd Haynes a commencé sa vie d'artiste à l'université de Brown d'où il sort en 1985 avec un diplôme «art et sémantique». Il entame alors à New York une carrière de cinéaste expérimental avec, entre autres, Assassins, un film à propos de Rimbaud. Puis, en 1987, tout aussi arty, Super Star: The Karen Carpenter Story, biographie de la chanteuse du groupe les Carpenters, morte d'anorexie. Léger détail qui fit scandale et procès, les rôles étaient interprétés par des poupées Barbie. Suivront : Poison en1991 (hommage à Jean Genet), Safe en 1995 (déjà avec Julianne Moore en ménagère phobique) et Velvet Goldmine en 1998, hymne somptueux à l'adolescence et au glam rock des années 70. Todd Haynes est aussi cofondateur de Gran Fury, collectif d'artistes militants contre le sida.

Dans la chambre d'hôtel champs-élyséenne où il donne ses interviews, Todd Haynes, frange malicieuse et baskets aux pieds, a l'air d'un chien fou. Et paraît ne pas en revenir : plus que Safe ou Velvet Goldmine, Loin du paradis ratisse largement au-delà des amateurs de film queer et a du succès aux Etats-Unis.

«Loin du paradis» n'est pas exactement un remake. Plutôt un film pastiche ?

Je dois tout à la beauté artificielle des films de Douglas Sirk. Loin du paradis est rivé à ce cinéma. Mais il évoque des thèmes qui ne pouvaient pas être traités directement à l'époque de Sirk et qui, par ailleurs, figurent dans tous mes autres films.

L'homosexualité...

Les thèmes homosexuels qui existent dans Loin du paradis étaient déjà présents chez Sirk, mais à l'état latent : il fallait j