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Asie conforme

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Ilot subversif, «Blind Shaft» domine le palmarès.
publié le 19 mars 2003 à 22h11

Deauville envoyé spécial

«Aux icebergs qui dérivent, aux écoliers japonais qui se suicident.» Cette dédicace de 1979, imprimée en ouverture du Novövisions d'Yves Adrien, manifeste afterpunk réédité récemment chez Denoël, aura pris ce week-end à Deauville un tour particulièrement prophétique.

Quelques films-icebergs chinois, dont certains parvenus à nous comme cryogénisés, ont égayé les planches deauvilloises du 5e Festival asiatique. Quant aux écoliers japonais, on a arrêté au 200e d'en comptabiliser les suicides.

Anodin. Deux tendances lourdes, donc, qui ne reflètent que de l'extérieur un festival lui-même en proie à des passions internes. Dire que cette année fut, pour DeauvillAsia, celle de la transition frôle l'euphémisme. Au mois de décembre, l'association qui en avait la charge a, pour raisons techniques, passé la main au Public Systeme (déjà en charge du Festival américain de Deauville, de celui de Cognac et de Gérardmer) et à la Ville de Deauville, conférant à cette cinquième édition une tonalité étrange, sinon hybride : à la fois dernière d'une équipe et première d'une autre.

Et le jury, en décernant quasiment tous les prix au même film, Blind Shaft de Li Yang, a pointé du doigt une sélection ne comptant pas assez de films d'auteur, trop versée dans l'«officiel» (dans des régions où le politique aime à faire peser son lourd poids), remplie de fictions anodines, noyant dans le sentimentalisme et la bluette immature le moindre soupçon de révolte. A ce titre, effectivement