Menu
Libération
Critique

«Une Adolescente» tire à tabou portant

Article réservé aux abonnés
Autour de la liaison entre une lycéenne et un flic, premier film radical et burlesque d'Eiji Okuda.
publié le 19 mars 2003 à 22h11

Yoko est une lycéenne de 15 ans, suffisamment curieuse, délurée et perturbée pour tomber amoureuse d'un flic sur le retour, surtout bon à pédaler sur un vélo trop petit à la poursuite des chiens volés. Ainsi formulé, Une adolescente pourrait faire frémir. Or c'est une bombe. Le film du cinéaste-acteur Eiji Okuda, célèbre au Japon pour ses faux airs de Clint Eastwood traînés chez Kumai ou Kumashiro, est explosif.

Erotique. D'abord, car la liaison des deux amants recèle un intense potentiel érotique, sans cesse relancé par des jeux corporels ritualisés. Clichés détournés vers le fétichisme : les socquettes, la jupette, la chemisette de la lycéenne, par exemple, ou le tatouage machiste devenu seconde peau de l'adolescente fascinée.

Ensuite, car Okuda, pour sa première réalisation, s'inscrit dans une des traditions du cinéma japonais, le grotesque, à la manière d'un Imamura version Eijaneika ou l'Anguille. Le film rebondit d'un genre à l'autre, de la farce au polar, de l'érotisme au burlesque, du fantastique au quotidien, parfois dans la même scène, trouvant son équilibre dans une outrance quasi permanente, au plus haut point maîtrisée.

Une adolescente s'impose enfin comme un brûlot subversif. Ses héros sont des êtres en marge, et ce sont leurs manières de faire craquer les coutures des tabous sociaux qui composent le film.

Eclat. Un policier en déroute, une lycéenne en rupture, sa mère à la dérive, son frère débile, son grand-père à l'agonie, les différentes rencontres mènent vite