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Critique

Benigni à plein nez

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L'histrion italien fait son Pinocchio: forcément excessif.
publié le 26 mars 2003 à 22h22

L'adaptation des aventures de Pinocchio par Roberto Benigni s'ajoute à une liste déjà longue de films, dessins animés et série télé plus ou moins fidèles au texte de Collodi. Les plus fameux sont évidemment le film de Disney datant de 1940 et celui, magnifique à jamais, de Luigi Comencini en 1972. On citera aussi des tentatives plus libres comme Pinocchio dans l'espace (1964) ou les Aventures érotiques de Pinocchio (1971) où ce n'est pas vraiment le nez de la marionnette, devenue gigolo, qui s'allonge...

A 51 ans. La seule véritable innovation de Benigni est d'avoir tenu à interpréter le rôle principal en dépit de son âge (51 ans) et du simple bon sens, tous les autres enfants étant interprétés par de jeunes hommes. C'est peu dire que cette décision est massive et qu'elle jette sur les turpitudes du pantin une lumière pour le moins malaisante. On peut imaginer après ça un Peter Pan interprété par Woody Allen (avec Marlon Brando en fée Clochette) ou Johnny Hallyday magistral en Petit Poucet.

Il est vrai que la silhouette maigre de Benigni est proche de celle des gravures princeps d'Enrico Mazzanti, dessinées pour illustrer le texte lors de sa parution en 1881 (1). Vrai aussi que le texte de Collodi doit une partie de sa fortune exceptionnelle à la nature indécidable du héros, quasi-chose, presque humain, traité comme un enfant (un «brave petit garçon») qu'il désespère de jamais pouvoir véritablement devenir.

Stylisé en série de coûteux tableaux, décoré et costumé par le grand Da