"Né d'un père catalan, artiste peintre, et d'une mère islandaise, sculpteur, le trentenaire Baltasar Kormakur est avec Dagur Kari (le récent Noi Albinoi) et Fridrik Thor Fridriksson un des représentants les plus actifs d'un cinéma islandais qui produit environ dix films par an. Diplômé de l'école d'art dramatique nationale, il se fait d'abord un nom en tant qu'acteur, avant de bifurquer vers la mise en scène. Son tableau de chasse compte à ce jour une dizaine de pièces de théâtre et deux films cinglants, 101 Reykjavik, bien accueilli fin 2001 (avec Victoria Abril en guest star et une b.o. de Damon Albarn, le leader de Blur), et le récent The Sea, qui confirme ses bonnes dispositions.
Vous avez la dent dure avec votre pays.
La plupart des Islandais éprouvent un jour l'envie de quitter leur île... et d'y revenir. C'est vrai que je porte un regard cru. Mais, d'une façon générale, les relations humaines, familiales, sont violentes. Physiquement et, plus encore, mentalement. Un jour, une célèbre écrivain islandaise a dit : «C'est avec ceux que j'aimais le plus que j'ai été la pire.»
Pour en revenir à mon film, il n'aurait pas attiré 20 % de la population s'il racontait des conneries. Je m'efforce d'évoquer ce que je connais, ce que je vois. Or les gens qui boivent comme des trous jusqu'au lever du jour le font rarement car ils sont heureux. En fait, le ministère du Tourisme réussit une prouesse : il communique positivement sur le désespoir, l'ennui de la population. Lorsque The