Après Dans la peau de John Malkovitch, Spike Jonze a cherché comment réaliser le périlleux triple salto arrière esthétique lui permettant de sauver son titre de champion chic d'un nouveau cinéma indépendant américain aussi rusé que distancié. Du coup, Adaptation met en scène le scénariste de Being John Malkovitch, Charlie Kaufman (mais sans apparaître lui-même à l'écran, interprété ici par Nicolas Cage), en proie aux affres de la page blanche et, plus largement, à une complète angoisse existentielle. Il s'est lancé dans l'adaptation d'un livre de Susan Orlean (écrivain réel joué ici par Meryl Streep), The Orchid Thief, texte difficile où il est essentiellement question de la difficulté à cerner et attraper quelque sujet que ce soit.
Charlie vit dans une villa avec son frère jumeau, Donald, un extraverti qui lui-même se lance dans l'écriture en n'hésitant pas à recourir aux plus grosses ficelles hollywoodiennes. Le film veut donc étudier sous de multiples facettes le dur métier d'inventeur d'histoires en satirisant aussi bien le monde des lettres que le milieu du cinéma.
Le problème est que cette dissertation alambiquée, si elle peut faire frémir de contentement quelque âme élitiste esseulée au fin fond d'un patelin du Texas, apparaît d'une puissante et soporifique vanité dans n'importe quelle autre circonstance, sociale, géographique ou culturelle.
Adaptation est donc un film qui cible un public très fermé. On reverra Spike Jonze début mai avec Jackass-le film qu'il a coréalisé