Né en Algérie il y a 34 ans, de parents «pieds rouges», ces Français progressistes installés à Alger quand ils croyaient encore à la révolution du FLN, Tangui Perron passe ensuite sa jeunesse entre Lorient et Lanester, berceau familial et Morbihan de gauche. Etudiant, son sujet de maîtrise d'histoire en découle presque naturellement : «Le Docker et son image.» A la cause politique, à la recherche historique, s'ajoute une tradition cinéphile. Perron met en place des programmations militantes : films sur les dockers de Lorient, films des manifs du 1er Mai, films syndicaux, sur la cause bretonne. Actuellement, il tâche de finir une thèse aux Hautes Etudes sur mouvement ouvrier et cinéma.
Qu'est-ce que le cinéma militant ?
Un vrai «genre» cinématographique, intimement lié au politique et à l'Histoire. Avec ses codes, ses références, ses conventions, ses périodes, un genre de films au service d'une cause, souvent pensé, produit, réalisé, distribué collectivement. La mobilisation, les gestes de solidarité, les foules, la prise de conscience, en sont les «figures» : il y a du monde à l'écran, les images ayant pour objectif de mettre en mouvement les spectateurs-camarades. Après l'âge d'or du Front populaire, puis l'âge baroque de 68 et des années gauchistes, le cinéma militant est devenu un genre maudit : sans doute craignait-on, avec raison, de retrouver le sourire de Mao et la moustache de Staline.
Ce purgatoire du film militant est passé ?
On le redécouvre et on en refait. Ce fut un