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Libération
Critique

Espion et pions du Vietnam

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Le conflit vu du côté Viêt-minh et d'un oeil fataliste: exit l'héroïsme.
publié le 2 avril 2003 à 22h33

Grand sujet du cinéma américain, la guerre du Vietnam est devenue pour le spectateur occidental une sorte d'archétype des errances de l'interventionnisme US mais aussi l'exemple le plus troublant de la photogénie martiale. Voyage au bout de l'enfer, Apocalypse Now, Platoon, Full Metal Jacket, autant de films où les horreurs du conflit, Iliade moderne, sont à la fois dénoncées et magnifiées, fresques fastueusement incendiées au napalm Technicolor. La Danse de la cigogne est un film vietnamien qui nous montre la guerre à nouveau, mais vue de l'autre côté.

Contrechamp efficace. La démarche n'a rien de particulièrement revancharde, elle ne contredit pas les images de gabegie en pleine jungle que nous connaissons déjà, mais elle brouille les repères. Ceux qui n'étaient que des silhouettes terrifiées sous les tirs ou d'impitoyables ennemis à la langue incompréhensible deviennent ici d'authentiques personnages dotés d'un environnement narratif en bonne et due forme, d'une parole propre, de contradictions, etc. Ce contre-champ est d'autant plus efficace qu'il ne se contente pas de décrire le parcours de jeunes engagés dans la lutte côté Viet-minh. La fiction prend en charge aussi la coupure interne du pays à l'époque, entre le Nord communiste et le Sud proaméricain, donc les tensions entre les Vietnamiens eux-mêmes.

Le film a été écrit à plusieurs mains par trois écrivains vietnamiens (Thu Bon, Nguyen Q. Sang, Nguyen Duy) et un auteur américain (Wayne Karlin) qui, tous, ont fait la gu