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Libération

Le bled en rade

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Miné par le monopole étatique et les luttes intestines, en panne de structures et de projets, le cinéma algérien est moribond... Une relève s'esquisse, difficilement.
publié le 2 avril 2003 à 22h33

L'affaire commence par un cadavre, comme au cinéma. Mais cette fois, c'est le cadavre du cinéma lui-même, algérien. Encéphalogramme plat, pas même dix tournages ces vingt dernières années contre les cinq annuels dans la décennie 70, une quinzaine de salles contre quatre cents en 1961, plus de techniciens, plus de production. «Zéro», constate Abdou B., l'homme qui s'est retrouvé avec le mort sur les bras. Critique reconnu, ancien directeur de l'ENTV, la télé publique, il a cette fois écopé du titre de monsieur Cinéma pour l'Année de l'Algérie en France. C'est à l'occasion de cette très officielle opération culturelle, par ailleurs boycottée par certains artistes, que le macchabée a été découvert.

«On l'a étranglé nous-mêmes.»

Pour ces festivités, le régime d'Alger a en effet embouché les trompettes et sonné «le renouveau» : «seize films en cours», un «essor merveilleux»... Ce «miracle» a suscité un réel enthousiasme en France et voilà le cinéma algérien propulsé en couverture de numéros spéciaux (même les Cahiers du cinéma s'y sont laissé prendre) et au programme de plus d'une centaine de manifestations, festivals ou débats pour 2003. «Un mythe, j'étais emballé», raconte un des organisateurs, côté parisien, de l'Année de l'Algérie. Et là, stupeur. «On ne nous proposait que des classiques vus et revus, comme Chronique des années de braise, des rencontres avec des metteurs en scène à la retraite. J'ai demandé : et les jeunes ? Il y a eu un silence gêné. On était soit dans l'arché