A 87 ans, elle devait venir à Paris pour sauver «l'année Djazaïr» consacrée au cinéma de son pays. Ce vendredi 7 mars, Keltoum, la plus célèbre et ancienne des actrices algériennes, est assise dans la salle du Forum des images, à regarder le Vent des Aurès, le film qui a consacré au festival de Cannes, en 1966, son réalisateur, Lakhdar-Hamina, et la naissance du cinéma algérien. A l'époque, dans l'euphorie d'une construction idéologique du cinéma algérien, on a simplement salué la justesse du jeu de Keltoum en mère paysanne des Aurès. Il était impensable d'imaginer Keltoum en star, alors qu'en Occident des films étaient «signés» Jane Fonda et Jeanne Moreau.
Envers et contre tout. Keltoum, comme nombre de comédiens algériens de l'époque, était obligée de se donner corps et âme au cinéma naissant et d'occulter l'apprentissage de la comédie d'avant l'indépendance. Alors, doit-on à une lassitude de voir et revoir chaque année dans les festivals, depuis 1962, les mêmes films algériens et leurs éternels réalisateurs, ce début de curiosité pour les acteurs du grand écran de ce pays ? En invitant au Forum des images la doyenne des actrices algériennes, la cinéaste Yamina Benguigui anticipe une curiosité nouvelle envers la filmographie de l'ex-colonie française.
L'entrée en comédie d'Aïcha Adjouri est digne d'un film. En 1935, alors que le théâtre populaire algérien se cherche grâce au dynamisme du chanteur Maheddine Bachetarzi et au talent du comique Rachid Ksentini, le premier croit