Une jeune fille comme nous sanglote devant, et sa maman dit : «Vingt fois que tu vois le film, et tu pleures de plus en plus...», ce qui nous refait fondre sur le bouquet final (littéralement : de pétales au vent...). Devdas nous va. Foin des réserves dont le bon goût critique se sent tenu d'enrober ses émois devant cette dégoulinade «bollywoodinée» supposée.
Soit trois heures gorgées de pâmoison, gifles «taquines» à coups de mèches mouillées, mots doux et cartes à jouer, colliers, vanités, poudre carminée. Entre Epouses et Concubines à Calcutta et Moulin-Rouge du Taj Mahal, une épopée clanique filmée, d'après un classique du cru, en kaléidoscope cybernétique au maniérisme antévédique. Boule de neige de passions, non seulement charnelles mais métaphysiques, qui refondrait au passage quelque chose de notre prétendu 7e art.
Et d'abord, plein les yeux. Roses et gaze à tous les étages, grand spectacle : les boîtes à mouches de maharadjahs empilent les vérandahs tarabiscotées sur des kilomètres de fastes volontiers décadrés, avec végétations ou domesticités luxuriantes et effets météo en option ; les panoramiques fluviaux scintillent, paysages chatoient, larmes perlent, châles cascadent, verres et bouteilles volent en éclats et les coeurs donc...
Devdas, nom du héros (joué par le bellâtre Benicio-del-Toroïen Shahrukh Khan), est en effet essentiellement un Tristan et Iseult (ou Amélie Poulain et Hamlet) du Gange. A telle enseigne que, pour attachants qu'ils soient, les rôles-titres