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Libération

L'«Iliade» d'Elias Khoury

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Le roman raconte une histoire d'amour et un pan d'histoire oublié, l'exode palestinien de 1948.
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publié le 9 avril 2003 à 22h43

En écrivant la Porte du soleil, Elias Khoury a tissé une Iliade palestinienne. Déroutant, voire difficile d'accès au premier abord, son roman ressemble à un fleuve alimenté par des centaines, des milliers de récits individuels dont l'accumulation, l'entrelacement forment une geste dont les héros, bien réels, ont fini par prendre une dimension mythique. Comme le dit le cinéaste égyptien Yousri Nasrallah, Elias Khoury fait exister les Palestiniens, un par un, en tant qu'individus et non pas comme un peuple éternellement victime.

Récit torrentiel. «Au départ, il y avait une histoire d'amour mais, pour la raconter, j'ai dû en établir le contexte historique», explique l'écrivain libanais. Et, de fil en aiguille, il est remonté jusqu'à la nakba, la catastrophe de l'exode, l'année zéro des Palestiniens, 1948. «En ce temps-là, la Galilée tremblait de frayeur : maisons détruites, gens errants, villages abandonnés. Tout était sens dessus dessous.» Il raconte la vie d'avant, cette société rurale disparue à jamais. Puis la fuite vers la Jordanie ou le Liban, l'installation dans les camps de réfugiés. «Nous ne sommes pas des réfugiés, dit un personnage, nous sommes des fugitifs, et rien d'autre. Nous nous battons, nous tuons, nous sommes tués, mais nous ne sommes pas des réfugiés.»

En plus de 600 pages de récit torrentiel, la Porte du soleil ressuscite un pan d'histoire, aujourd'hui oublié, enterré par d'autres drames. Qui se souvient des allers-retours clandestins des réfugiés, qui allaie