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Libération
Critique

Le mal du «Pays»

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Deuxième film hésitant de Phillipe Ramos sur les tiraillements identitaires d'un jeune villageois.
publié le 9 avril 2003 à 22h43

C'est un cheminement classique : on imagine sans difficulté Philippe Ramos mettant tout ce qui aura constitué son parcours autodidacte dans le miracle de son premier film (l'Arche de Noé, effectivement réussi) et se trouvant bien embêté devant le deuxième. Il pouvait, pour se rassurer, jouer sur les mots : en cinquante-sept minutes, l'Arche de Noé échappait de justesse à la qualification très officielle de long métrage. Voici donc aujourd'hui Adieu pays, le premier vrai long métrage de Philippe Ramos, qui n'en est pas moins, pour nous spectateurs, son deuxième film.

Sorties de route. Ce qui pourrait relever de l'anecdotique a pourtant pris des atours identitaires. Adieu pays se coltine à la fois la masse de souvenirs qu'on met dans un premier film et l'envie de rupture qui domine les deuxièmes oeuvres.

C'est sa forme, sa question, et c'est aussi tout le jus de son récit : dans la campagne française (la Drôme natale de Ramos ?), un garçon du village s'éprend d'une fille de la ville en passe de s'envoler pour les Amériques, venue embrasser une dernière fois son vieil oncle. S'il quitte le village, il trahit son frère, son clan, sa terre natale. S'il reste, il souffrira et perdra son amour.

On le voit, c'est tout l'enjeu de Ramos cinéaste qui est ici modélisé dans le récit. Quand son personnage est divisé par son hésitation à repousser la venue de la maturité, le cinéaste essaie de trouver une libre alternative face aux ruptures franches, au renouvellement que le cinéma exige de l