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Libération
Critique

«Mimi», mine de rien

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Le documentaire de Claire Simon sonde avec une formidable liberté le destin d'une femme ordinaire.
publié le 9 avril 2003 à 22h43

Alors qu'elle grimpe vers sa maison, une «campagne» de l'arrière-pays niçois, Mimi, guidée sur le chemin empierré par le son d'un accordéon ami qui là-haut l'attend, dit : «C'est agréable d'être accueilli ainsi.» Le nouveau film de Claire Simon est au diapason de cette invite. C'est agréable d'y être accueilli. C'est-à-dire avec une générosité telle que tout ce que Claire Simon dépose sur la table, et dont elle ne fait pas tout un plat, est bon à voir, à écouter, à déguster, à digérer.

Ritournelle. En l'espèce, les histoires de Mimi, femme d'une cinquantaine d'années qui se penche sur un passé pétri de singularités ordinaires : des parents, du travail, des passions. Le commun d'une mortelle. Qui ne vaudrait peut-être pas la peine d'un film si Claire Simon ne le distinguait, lui donnant des images nécessaires (en aucun cas des illustrations façon soirée diapo-psycho ou publicité pour les paysages) et des sons adéquats : Mimi est autant une ritournelle qu'un film, et, en guise de critique, on pourrait très bien la fredonner.

Au fil de ses récits gigognes qui ne sont ni un témoignage ni une confession mais plutôt une tentative d'épuisement de la banalité, Mimi reste suffisamment discrète, distraite ou elliptique pour qu'à chaque coin de plan s'ouvrent en grand des appels de fiction.

Toutes ses vies sont des débuts de roman : celui de son père, mort d'avoir cueilli des citrons (la Mort en ce jardin ?). Celui de sa mère qui posait un torchon propre sur la vaisselle sale (on a le dro