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Libération
Critique

Rappeneau mène grand train

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«Bon Voyage», comédie douce-amère sur l'exode de l'été 1940.
publié le 16 avril 2003 à 22h50

C'est un drôle de film autant qu'un film drôle. Parce que dans les bagages de son Bon voyage, qui à l'unisson de son titre se déclare allègre et cordial, Jean-Paul Rappeneau a glissé quelques valises mystérieuses, voire des malles à double fond. Ce qui est la moindre des subtilités dans un film qui entend rendre drolatique le fameux exode ayant jeté les Français sur les routes à l'été 1940.

De mémoire, celles de nos parents et grands-parents, il n'y a pas de quoi rire, surtout si, question de «race» ou de politique, ils avaient malchance aux yeux des nazis, et bientôt des autorités de Vichy, de ne pas être des bons Français. Mais de mémoire, dans les souvenirs des mêmes, il y a vraiment de quoi rire aux larmes : le matelas sur le toit de l'automobile, le père, «héros» de la guerre de 14, qui peste contre les soldats, «salauds de déserteurs», la mother qui tricote des écharpes en plein mois de juin, les enfants qui comptent les voitures immatriculées 75, l'oie vivante qu'on zigouillera sur un pont de la Loire, qu'on plumera passé Bourges et qu'on fera rôtir arrivé aux Sables-d'Olonne (où accessoirement les parachutistes allemands les avaient précédés). Tout ce qui, malgré le malheur, rompt les lois de la société et peut à ce titre rendre heureux.

Vilenies. Surtout quand on est jeune, ce qui est le cas de la plupart des protagonistes de Bon voyage : une étudiante débrouillarde (Virginie Ledoyen), un écrivain foutraque (Grégori Dérangère), un voyou entreprenant (Yvan Attal), une