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Libération

Les films sauvages», espèce en voie d'extension

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De plus en plus de longs métrages se tournent sans moyens, ni producteurs ni diffuseurs, et certains trouvent un public.
publié le 23 avril 2003 à 22h57

Ils circulent de la main à la main. En cassette ou en DVD. Comme des bouées à la mer parfois envoyées à des festivals, des distributeurs, des chaînes de télé. Ils franchiront peut-être la limite de la bande de copains, du quartier, du cercle militant pour une vie de vrai film avec sortie en salles. Au Centre national du cinéma (CNC), on ne sait pas combien ils sont, on ne les connaît pas. Ils se présentent rarement pour demander un agrément ou un visa d'exploitation. Trop fiers ou trop timides ? Le CNC a trouvé un joli nom à ces longs métrages qui se font sans producteur et sans diffuseur : «les films sauvages».

«Fais comme un peintre et, dans ton atelier, fabrique ton film.» Christian Boltanski a ainsi conduit Virgil Vernier, étudiant de 23 ans côtoyé aux Beaux-Arts, vers l'aventure du premier long. C'était il y a trois ans. Pourvu d'un petit héritage, Virgil achète sa camé ra, un Mini-Disc, une perche son, et s'enferme pendant un an pour écrire et monter quelques séquences d'essai sur ordinateur. Son sujet : la quête de bonheur de petits Poucets modernes. Il trouve un château gratuit, des copains pour jouer. «Outre la contrainte, inté ressante, cette pauvreté peut laisser émerger quelque chose de touchant, surtout pour mon thème, le merveilleux.»

Il lui faudra deux ans pour finir Karine, 1 h 17 à 15 000 euros. «Il m'a fallu ce temps pour radicaliser ma démarche. Je n'aurais pas pu expliquer à un producteur ce que je voulais faire. Il fallait m'y coltiner seul, de manière art