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Libération

Derrière les barreaux du Brésil

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publié le 30 avril 2003 à 23h04

Le Brésil d'en haut se penche sur le Brésil d'en bas. Au premier, qui peut aller au cinéma, Carandiru, l'unique film latino-américain retenu dans la sélection officielle cannoise, montre le quart-monde qui le terrorise : celui des favelas et du plus grand pénitencier du pays.

Inspiré du best-seller de Drauzio Varella, un médecin qui a soigné bénévolement pendant dix ans au Carandiru, la prison de São Paulo, le film d'Hector Babenco (le Baiser de la femme araignée, Pixote) plonge dans l'enfer du pénitencier qui implosa en décembre, l'enfer de ces prisons brésiliennes insalubres, surpeuplées, et violentes.

Au Carandiru, il y a de la drogue, des clans, des évasions. Armés de couteaux, les prisonniers s'entre-tuent. Babenco redonne leur humanité à ceux que les médias présentent comme des monstres. Et les montre même en victimes, quand, un jour de 1992, la police, venue mater une rébellion, massacre 111 détenus alors que les insurgés étaient déjà désarmés. En creux, on voit aussi comment l'injustice sociale fait du Brésil l'un des pays les plus violents du monde.

Le succès de Carandiru est énorme au Brésil, avec plus de 1,5 million d'entrées depuis sa sortie, le 11 avril. Cet engouement, inédit dans un pays où le cinéma américain se taille la part du lion, est inespéré : les Brésiliens ne cherchent pas à oublier le quotidien. «La violence sociale est devenue un thème urgent, note le critique José Geraldo Couto. La classe moyenne veut comprendre, au-delà de la vision manichéenne de l