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Libération
Critique

«Evil Dead», gore en barres

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Tournée en 1981, la farce sanglante de Sam Raimi ressort en salles.
publié le 7 mai 2003 à 22h55

«On va venir te prendre... On va venir te prendre...» Combien seront-ils à venir revoir Evil Dead uniquement pour ça, pour vérifier ­ en son dolby digital, s'il vous plaît ­ la formule spectrale dans sa langue d'origine ?

Evil Dead, ça fait vingt ans, quand le cinéma de la ville accepta de projeter, avec six bons mois de retard et pour une semaine seulement, ce truc réputé si insoutenable qu'Untel disait y avoir dégueulé son quatre-heures au terme de la troisième bobine. «Ils vont venir te prendre...» Mais c'était du tout cuit ! On ne demandait pas mieux, et on n'était pas tout seul, le collège entier s'était donné rendez-vous. Il y avait même eu un défi après : à celui qui serait capable de s'avaler deux sandwichs rognons-harissa à la sortie. Le gore, il n'y a que ça qui nous intéressait.

Puceaux freudiens. A revoir le film, là et maintenant, on peut se dire qu'on l'avait échappé belle. Un mioche de 13 ans étant tout sauf un psy en puissance, la clique de nerds que nous étions avait au moins échappé à la lecture sémantique de cette barbaque filmée.

C'est avec un ouf de soulagement que nous avouons n'avoir pas remarqué à l'époque combien le scénario avait été écrit par une bande de puceaux freudiens terrorisés par la femme au point de transformer ­ en deux incantations «slampées» sur le Bardo Thödol (livre des morts tibétains) ­ toutes les filles du casting en sorcières hystériques gâcheuses de vacances, vers de terre qui continuent de gigoter quand on l'écrase, éjaculant un in