Cannes, c'est dans huit jours. Mais TF1 a lancé dès samedi l'artillerie lourde (et même la cavalerie) en décidant avant tout le monde sous quel angle il convenait d'envisager la 56e édition du plus grand festival de cinéma du monde. S'agissait-il d'une enquête sur les cinématographies émergentes ? Sur la crise de la production hexagonale ? Sur les agences de casting ? La nouvelle gamme Miko ? Evidemment non, le thème élu par TF1 n'avait rien à voir ni avec le cinéma, ni ceux qui en vivent et encore moins ceux qui le font. L'angle de la Une, c'était son motif unique, son grand bréviaire, sa seule religion, son obsession fanatique : la sécurité. La chose s'appelait «les Anges gardiens du Festival de Cannes» (1) et consistait essentiellement en une hagiographie des képis censés veiller au grain tandis que des foules immatures s'étourdissent de stars et de paillettes.
Généralement, les flics sont gênés par les caméras trop proches, les micros trop curieux ou plus simplement par les journalistes qui font leur travail. Mais ici, la mise en scène les encourage, la caméra les débonde, les micros HF les désinhibent, transformant ipso facto nos pandores en cow-boys : à eux le tapis rouge et les grandes marches, à eux le trophée Sarkozy du prix d'interprétation républicaine et de sécurité. Un malheureux fétichiste de la petite culotte, pris en flagrant délit de caméra baladeuse, fit entre autres les frais de leur excitation. Plaqué contre un mur devant tout le monde, il suggère d'être a