Revoir Fellini. Tout Fellini. Puisque le Festival de Cannes, pour lui rendre hommage dix ans après sa mort, a eu la bonne idée de programmer en copies restaurées à peu près l'intégralité de ses films (manquent Luci del varieta, premier opus de 1950, et les sketches pour les oeuvres collectives comme le Toby Dammit des Histoires extraordinaires en 1968, ou les Tentations du docteur Antonio in Boccace 70). Une belle revoyure en perspective, qui, pour les plus jeunes, aura des allures de voyure tout court.
Mais quand on est né au cinéma avec, entre autres, les films de Fellini, la visite prend forcément la forme d'un journal intime : voir la Dolce Vita le jour de ses 8 ans en cachette des parents. Etre sidéré mais ne rien comprendre un an plus tard aux divagations de Huit et demi. Oublier en 1965 et pour toujours Juliette des esprits. S'échauffer sur Terence Stamp en 1968 dans Toby Dammit et commencer à envisager autrement sa sexualité balbutiante. Se sentir encore moins seul à 17 ans en compagnie du Satyricon (titre anglais : The Degenerates) et de son couple idéal de voyous latins (Hiram Keller, le brun Ascilte, Martin Potter, le blond Encolpe), sans aucun frisson par contre pour le trop épilé Giton (Max Born). Adhérer aux Clowns en 1970 bien que l'Auguste et le clown blanc relèvent alors d'une iconographie désuète. Adorer Roma en 1972 mais en douce, car politiquement dénoncé à l'ultragauche comme un film qui ne prend pas parti, donc réac. Soutenir, pour faire son intéressant,