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Libération

Gare à Gus

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Son «Elephant» inspiré de la tuerie de Columbine est très attendu sur la Croisette : rencontre avec l'imprévisible Gus Van Sant, capable de superproductions hollywoodiennes comme d'ovnis arty.
publié le 14 mai 2003 à 23h00

Portland envoyé spécial

«On a fait le casting avant d'écrire quoi que ce soit, juste pour voir si on aimait suffisamment les adolescents ici à Portland pour travailler avec.» Gus Van Sant a le teint pâle et pâteux, le cheveu terne, la bouche qui lui barre la figure comme une coupure. Sa voix monocorde ne donne aucune indication de son état d'esprit, il faut regarder ses yeux pour savoir s'il s'ennuie ou s'il est intéressé. Il est très calme et a l'air triste même quand il sourit. Le cinéaste semble préférer parler de la genèse de ses films, plus que de leurs mérites respectifs ou leur signification, ce qui, pour un cinéaste aussi singulier et imprévisible que lui, est peut-être encore le meilleur ouvre-boîtes.

«Je voulais appliquer les méthodes et le même esprit que pour Gerry, même si peu de gens ici ont aimé ce film.» La différence étant que ce dernier était plus ou moins autofinancé, alors qu'Elephant est une production HBO. Câble. Télé. Les Soprano. Six Feet Under. Et que son sujet est «violence à l'école». «Le plus étonnant c'est qu'ils n'ont pas cessé de dire, "ça nous plaît, vas-y", alors que je ne cessais de leur dire, "vous allez pas aimer, je vous préviens !" Et le plus beau c'est que les gens aiment réellement le film. Je suppose que c'est une question de manche : "Deux gars perdus dans le désert", ça parle peut-être moins aux gens que "violence à l'école".» Surtout «violence à l'école» par Gus Van Sant, récemment rescapé (visiblement indemne) des gros soufflés émot