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Libération
Portrait

L'Argentine et ses fantômes

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publié le 15 mai 2003 à 23h00

Les traits sont marqués par les vingt heures de vol depuis Buenos Aires, mais Pablo Reyero retrouve un surcroît d'énergie pour défendre sa Croix du Sud. Ce road-movie existentiel sur fond de trafic de drogue est l'un des trois films sélectionnés in extremis à Un certain regard, où il sera projeté aujourd'hui en première mondiale. Une belle récompense autant qu'un coup de pouce pour cette coproduction franco-argentine qui aura mobilisé cinq années de la vie de Pablo Reyero.

Ce beau gosse latino, âgé de 37 ans, s'était auparavant fait un nom dans le documentaire. Reyero a notamment planté sa caméra dans Darsena Sur, un quartier violent jouxtant le complexe pétrochimique considéré comme le site le plus pollué du pays, et réalisé pour la télé une série documentaire sur des sujets sensibles comme la répression policière et la corruption. Même si Reyero considère que «"la Croix du Sud" relève plus du registre psychologique que du social ou de la politique», on retrouve dans sa première fiction la volonté de prendre à bras-le-corps les maux de la société argentine.

Période noire. Ses héros, trois marginaux embringués dans un trafic de cocaïne trop gros pour eux, sont des exemples concrets d'une sinistre statistique : «Dans mon pays, 70 % de la jeunesse n'a aucun avenir», assure le réalisateur qui analyse le développement des mafias locales comme une séquelle tardive de la dictature militaire des années 70-80 et de son appareil répressif : «La police se sert des jeunes comme intermédi