Premier film de la compète, Ce jour-là prouve surtout, comme si on en doutait encore, à quel point Raoul Ruiz n'est plus en compétition qu'avec lui-même. Ce qui ne date pas d'hier : cela fait des lustres que chaque opus du Chilien baroque (on ne les compte plus, lui-même ne doit plus être en mesure de savoir à quel astronomique chiffre sa filmographie en est arrivée : 100 films ? 200 ? plus ?) paie sa tournée de maisons-palais parfumées au merveilleux, de rhétoriciens de l'absurde, de constructions labyrinthiques et d'orphelins élus se baladant dans les mondes du bizarre, comme touchés par la main de Dieu. Il a souvent été écrit qu'un Ruiz ne ressemblait à rien (de connu, il s'entend), aujourd'hui est venu le jour où il ne ressemble à rien d'autre qu'à un autre film de Ruiz.
Ce jour-là ne déroge bien entendu pas à la règle, s'amarre si bien à cette entité géographique qu'est devenu le territoire ruizien que l'on se demande, dans le contexte diplomatico-festivalier cannois, quel drapeau le film et son auteur sont censés battre, sinon celui de leur propre zone mentale délirante. On voit d'ici Gilles Jacob et son équipe s'étriper, l'un pour qualifier le film de franco-portugais (du fait de son producteur, Paulo Branco), l'autre de chilien exilé (Ruiz), le troisième de français (toute la distribution, et la désormais nationalité de son cinéaste), pour finalement s'entendre pour proclamer le film meilleur représentant suisse en puissance, puisque c'est en pays helvète que Ruiz a p