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Libération
CANNES 2003.

Abderrahmane Sissako Le monde vu de sa fenêtre

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Les Portraits Abderrahmane Sissako. Président du jury d'Un certain regard.
publié le 15 mai 2003 à 23h00

La première photo qu'il y ait eu de lui, c'est celle d'un jeune homme heureux, visage ouvert, cheveux drus, dans le fumoir du Vgik, l'école de cinéma de Moscou. Il y était étudiant en 1984. De son enfance au Mali ou en Mauritanie, pas d'image. Le cinéma d'Abderrahmane Sissako, né en 1961 en Mauritanie, semble voué à combler ce trou noir. En quatorze ans et sept films, le cinéaste poursuit un premier travail autobiographique qui s'est achevé avec En attendant le bonheur, présenté à Cannes l'an dernier. «Je ne sens plus aujourd'hui le besoin de raconter mon histoire. Je vais vers des choses qui se réfèrent plus à l'imaginaire, à la philosophie...» C'est baigné de cette maturité que Sissako se retrouve cette année président du jury de la sélection Un certain regard.

«Recueillement». Deux films à visionner chaque jour pendant deux semaines. Un travail auquel il ne s'est pas préparé, tant il aime se faire traîner au cinéma. «Je ne suis pas un cinéphile, je ne l'ai jamais été. Je ne vais pas beaucoup au cinéma. Mais j'aime qu'on m'y amène par la main. Celle de la passion, de l'invitation...» Le dernier film qu'il ait vu en salle, récemment, c'est l'Ile nue de Kaneto Shindo, un noir et blanc de 1962. Un film qui a à voir avec son prochain projet, sur la quête de l'eau en Mauritanie. Il aurait bien vu aussi Frida («Pour le personnage de cette femme») et Dolls («Pour l'auteur, Kitano»), mais il a passé ces derniers temps en Afrique dans un séminaire sur la création d'