On ne redira jamais assez l'utilité des festivals de cinéma : non seulement ils font découvrir les films, mais ils favorisent les rencontres... qui font naître de nouveaux films. C'est à Pesaro, en Italie, que Marc Recha le Catalan a fait la connaissance d'Eduardo Noriega le Cantabre. Avant cette Mostra internationale del nuovo cinema, le premier avait apprécié le jeu troublant du second dans Tesis ou Ouvre les yeux, quand l'acteur de Santander admirait Pau et son frère, le troisième long métrage du cinéaste barcelonais. «On a beaucoup ri, et pas mal picolé», raconte le timide Marc Recha de sa voix grave ensoleillée d'accent catalan. Les deux trentenaires n'ont «d'ailleurs pas beaucoup parlé de cinéma, mais beaucoup de sexe, de vie», poursuit le toujours magnifique et néofrancophone Eduardo Noriega.
Chorale. A peine un an plus tard, le premier film né de cette amitié est présenté à Cannes dans le cadre d'Un certain regard. Noriega, barbu pour l'occasion, y incarne Gérard, le «météore» sur lequel Recha avait basé l'histoire initiale des Mains vides : un homme mystérieux à la recherche d'un travail qui ne fait que passer dans la zone frontière de Port-Vendres. «Un personnage idéal auquel j'aimerais beaucoup ressembler, avoue Noriega, fataliste, mais dans la vie, je suis plus inquiet, moins patient.» Le scénario a ensuite évolué vers des thèmes comme l'absence, la difficulté de communiquer : «Et pour cela, il fallait plus de personnages», précise Recha. D'où, au final, la struct